mardi 31 janvier 2012

Cassio... qui fait quoi?


Je n'apprendrais rien à personne en disant que Stephen Desberg fait le scénario et moi les dessins.
Habituellement, je reçois le scénario de l'album complet, cela s'entend: 46 pages découpées en autant de cases que nécessaire par page. Cela comprend la description des scènes, actions et les dialogues.
Je lis le scénario une fois, afin de... ben, de savoir ce que ça raconte, déjà... Ensuite je le relis une ou deux fois en plus afin de relever les possibles défauts, incohérences ou autres points qui me sembleraient ne pas être assez clairs.
Suite à cette lecture et à une bonne discussion, des corrections sont apportées au scénario, si cela s'avère nécessaire.
Je commence alors les découpages, peu détaillés, sur plusieurs planches afin de garder une dynamique de narration.
C'est une partie du travail qui peut être assez fatigante car il est nécessaire de travailler vite dans une sorte de frénésie créative en pensant uniquement à la narration et non au dessin.
La narration étant ici: un ensemble de cases qui, les unes à côté des autres, racontent une histoire cohérente et dynamique.
A ce stade, faire appel aux cadrages cinéma est bienvenu mais il faut SURTOUT éviter d'utiliser la narration cinéma: j'entends par-là: agencement de plans dits dynamiques propres au cinéma et qui compliquent la lecture BD, si mal employés. Je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire mais qu'il faut le faire en sachant ce qu'on fait et en respectant certaines règles. Je pourrais en parler plus longuement dans un autre article.
Quand je suis satisfait de la narration, j'affine et rajoute les détails et autres subtilités. A ce stade, j'ai une version de la page découpée en cases avec bulles et que je peux envoyer au scénariste (en PDF) pour avoir son avis.
Selon son avis, je corrige ce qui doit l'être et ensuite je passe à l'encrage.
La planche terminée, je l'exporte (souvent c'est un ensemble de planches) en PDF, basse résolution (taille 20% et sortie à 300 dpi). Ce pdf sert de dernière vérification auprès du scénariste et va aussi chez la correctrice texte pour repérer d'éventuelles fautes de frappe, belgicismes... ben oui...
Selon les avis, je corrige ce qui doit encore l'être côté dessin et je fais les éventuelles corrections texte.
Cela fait, j'exporte alors le fichier haute définition de la planche: niveaux de gris tiff 1200 dpi. Ce fichier est ensuite transformé de niveau de gris à bitmap et enregistré en tiff 1200 dpi avec compression LZW. Le fichier passe alors de 150 Mo à plus ou moins 2 Mo.
J'envoi alors ma planche à la Production qui se charge de la fournir au coloriste.

lundi 30 janvier 2012

Chez l'éditeur... qui fait quoi?

Je lis souvent des livres techniques, didactiques devrais-je dire, en anglais sur comment réaliser une BD (comics en l'occurrence). On y explique les techniques d'encrage, de crayonné, de lettrage... même comment cela fonctionne auprès des éditeurs. Et chez nous? comment ça marche finalement? Et qui fait quoi?
Voici donc une brève pour ceux qui ne savent pas comment ça marche.
Dans la plupart des maisons d'édition de bande dessinée (Belgique France, Suisse...) il y a un directeur éditorial, parfois plusieurs comme chez Dargaud ou Glénat. Le directeur éditorial est celui qui va signer un projet avec les auteurs. C'est lui qu'il faut convaincre qu'on lui propose la plus chouette histoire jamais contée.

Ensuite il y a des assistant(e)s éditoriaux qui accompagnent les différents projets. Ils réceptionnent les pages, font en sorte que les plannings soient respectés, le suivi avec le coloriste, la vérification des textes auprès d'une correctrice, la lecture des planches avant impression... la liste est longue. Une bonne assistante éditoriale est indispensable pour se sentir bien chez un éditeur. Je m'empresse de dire que je n'ai pas à me plaindre jusqu'à présent.

Un maillon important de la chaîne est enfin la Production. C'est chez eux qu'arrivent, après validation par l'éditorial, nos planches. Dans le cadre de planches papier, elles sont envoyées chez un photograveur pour faire les fichiers propres qui serviront à l'impression; il s'agit de fichiers noir et blanc (bitmap 1200 dpi au format tiff).
A la Production on vérifie et nettoie, si nécessaire, ces fichiers avant de les envoyer au coloriste. Tel quels, pour la mise en couleur numérique et sous forme de bleu de coloriage pour la mise en couleur traditionnelle (c'est de plus en plus rare). La Production récupère ensuite de la part du coloriste les fichiers numériques (CMJN 300 dpi tiff) dans le cas d'une mise en couleur à l'ordinateur, ou le bleu colorié dans le cas d'une mise en couleur traditionnelle.  Ce dernier sera envoyé au photograveur pour produire un fichier CMJN 300 dpi tiff le plus proche de l'original (même procédure pour une planche en couleur directe). Des épreuves des planches, nommées aussi cromalins sont réalisées pour vérifier le résultat imprimé. Ces épreuves servent de base lors de l'impression de l'album.
La Production se charge aussi du montage de l'album: trait, couleurs, textes, mais aussi couverture, notes de copyrigth, etc, dans un logiciel de type InDesign afin de produire un PDF de qualité qui sera envoyé à l'imprimeur.
Enfin, cerise sur le gâteau, lors de l'impression de l'album, la Production envoie une responsable chez l'imprimeur pour gérer au mieux l'impression de l'album aux côtés des auteurs.
Ceci est le schéma classique que je peux observer au jour d'aujourd'hui chez Dargaud Bénélux et Lombard.

Bientôt: Cassio... qui fait quoi?