lundi 30 janvier 2012

Chez l'éditeur... qui fait quoi?

Je lis souvent des livres techniques, didactiques devrais-je dire, en anglais sur comment réaliser une BD (comics en l'occurrence). On y explique les techniques d'encrage, de crayonné, de lettrage... même comment cela fonctionne auprès des éditeurs. Et chez nous? comment ça marche finalement? Et qui fait quoi?
Voici donc une brève pour ceux qui ne savent pas comment ça marche.
Dans la plupart des maisons d'édition de bande dessinée (Belgique France, Suisse...) il y a un directeur éditorial, parfois plusieurs comme chez Dargaud ou Glénat. Le directeur éditorial est celui qui va signer un projet avec les auteurs. C'est lui qu'il faut convaincre qu'on lui propose la plus chouette histoire jamais contée.

Ensuite il y a des assistant(e)s éditoriaux qui accompagnent les différents projets. Ils réceptionnent les pages, font en sorte que les plannings soient respectés, le suivi avec le coloriste, la vérification des textes auprès d'une correctrice, la lecture des planches avant impression... la liste est longue. Une bonne assistante éditoriale est indispensable pour se sentir bien chez un éditeur. Je m'empresse de dire que je n'ai pas à me plaindre jusqu'à présent.

Un maillon important de la chaîne est enfin la Production. C'est chez eux qu'arrivent, après validation par l'éditorial, nos planches. Dans le cadre de planches papier, elles sont envoyées chez un photograveur pour faire les fichiers propres qui serviront à l'impression; il s'agit de fichiers noir et blanc (bitmap 1200 dpi au format tiff).
A la Production on vérifie et nettoie, si nécessaire, ces fichiers avant de les envoyer au coloriste. Tel quels, pour la mise en couleur numérique et sous forme de bleu de coloriage pour la mise en couleur traditionnelle (c'est de plus en plus rare). La Production récupère ensuite de la part du coloriste les fichiers numériques (CMJN 300 dpi tiff) dans le cas d'une mise en couleur à l'ordinateur, ou le bleu colorié dans le cas d'une mise en couleur traditionnelle.  Ce dernier sera envoyé au photograveur pour produire un fichier CMJN 300 dpi tiff le plus proche de l'original (même procédure pour une planche en couleur directe). Des épreuves des planches, nommées aussi cromalins sont réalisées pour vérifier le résultat imprimé. Ces épreuves servent de base lors de l'impression de l'album.
La Production se charge aussi du montage de l'album: trait, couleurs, textes, mais aussi couverture, notes de copyrigth, etc, dans un logiciel de type InDesign afin de produire un PDF de qualité qui sera envoyé à l'imprimeur.
Enfin, cerise sur le gâteau, lors de l'impression de l'album, la Production envoie une responsable chez l'imprimeur pour gérer au mieux l'impression de l'album aux côtés des auteurs.
Ceci est le schéma classique que je peux observer au jour d'aujourd'hui chez Dargaud Bénélux et Lombard.

Bientôt: Cassio... qui fait quoi?

6 commentaires:

Virginie de Ip-Paï a dit…

Bonsoir cher Henri,

Tu parle de fichiers noir et blanc en 1200dpi envoyé chez le photograveur.

Mais j'ai du mal à comprendre que les ficihiers noir et blanc seraient aussi reconvertit au final en CMJN 300 dpi ?

j'ai tendance à enregistrer en png, mais si je te suis il vaut mieu enregistrer son travail uniquement en tiff ?

Henri Reculé a dit…

C'est toujours mieux le tiff ;-)
Le fichier Noir et blanc à 1200 dpi sert pour l'impression du trait noir (en bitmap).
Le coloriste le met à 300 dpi et CMJN (dans Photoshop la plupart du temps) pour l'utiliser comme référence pour sa mise en couleurs. Il doit le jeter avant d'aplatir sa couleur. Il met a la place du noir ce qu'on appelle un "gris de soutien". Ce "gris de soutien" c'est une sélection du trait noir de la planche contracté de 1 pixel et rempli d'une couleur composée de 60% de cyan, 50% de rouge, et 50% de jaune. Il sert a donner de la consistance au noir.
Lors de l'impression de la bd, la couleur reste donc à 300 dpi et le trait à 1200 dpi. Cela tant qu'on ne fait pas d'effet sur le trait, auquel cas le trait est applatti avec la couleur à 300, 400 ou 600 dpi, cela dépend des séries. Cassio est réalisé de manière classique, trait à 1200 dpi et couleurs à 300 dpi cmjn, aucun effet n'intervient sur le trait. Par contre dans les comics américains, chez Soleil ou Delcourt il y a assez souvent des effets sur le trait... le trait alors est souvent à 300 ou 400 dpi. Mais bon, moi je ne peux parler que de ce qui se fait chez Dargaud ou Lombard, éditeurs chez qui je travaille actuellement.

Virginie de Ip-Paï a dit…

Merci de tes réponses toujours aussi précises,

Effectivement, le *.tiff serait un meilleur choix, car il permet: la gestion de l'espace CMJN, l'envoi de fichiers vers les imprimeurs et/ou Flasheur, et de façon anecdotique de créer des images de plus de 4GO. 3 points que ne permet pas le *.png, certes sans perte et deux fois plus léger que le *.tiff, mais qui reste un format plutôt conçu pour le web.

Je sais aussi, que la plupart des éditeurs au Japon comme la Shueisha, demande 1200dpi mini en noir et blanc (1bit), et Akita Shoten 600dpi mini, en noir et blanc (1bit). De telles résolutions évite l'effet d'escalier à l'impression qu'on peut avoir en noir et blanc 1bit en 300dpi.
Et en 1bit même en 1200dpi chaque image n'est pas bien grosse.

En couleur CMJN avec les nombreuses teintes disponibles l'anticrénelage permet d'éviter l'effet d'escalier. Mais en contrepartie même en 300dpi, une image en couleur prend vite de l'embonpoint au format *.tiff.

Henri Reculé a dit…

Bonjour Virginie,
Le tiff doit être compressé en LZW pour rester léger ;-) Une page de BD N/B en tiff bitmap à 1200 dpi pèse alors 2 ou 3 Mo. Le fichier couleur correspondant en cmjn 300dpi applati pèse entre 10 et 20 Mo. Le fichier texte, enfin, en bitmap tiff 1200 dpi ne pèse que 200 ou 300 ko.
Manga Studio ne fait pas la compression LZW à ma connaissance. Pour ça il faut repasser les fichier par Photoshop --> Enregistrer sous --> tiff --> et cocher alors compression LZW.

Anonyme a dit…

Bonjour Henri,
Quid de la remise d'un fichier en indesign convertit en PDF à l’imprimeur.
Si j'ai bien compris un fichier couleur CMJN en PDF
et un fichier texte des bulles au trait en PDF ?
Un grand merci pour la réponse
jacky.boucard @orange.fr

Henri Reculé a dit…

Bonjour,
En réalité, mon boulot à moi s'arrête "AVANT" Indesign... Ça c'est le boulot de la Production. Eux récupèrent les fichiers cmjn/bitmap en tiff et les "montent" sur leur gabarit InDesign pour sortir enfin un PDF haute définition CMJN pour l'imprimeur.
Si on doit donner un fichier PDF à un Imprimeur, je pense qu'il faut tout monter dans InDesign en un seul fichier.

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