lundi 6 février 2012

The Line... travaux pratiques.

Pour mieux appréhender la règle des 180°, je vais vous montrer cela sur une planche de Cassio. Et quoi de mieux qu'une planche où je pensais l'avoir bien appliquée... et où je me suis pourtant bien planté. L'autocritique il n'y a rien de mieux ;-)
Il s'agit de la planche 1 du tome 3 de Cassio.
planche originale de l'album

A l'époque je n'avais pas compris que la "ligne" devait se placer de telle sorte qu'elle joigne les deux éléments importants de la scène. Dans notre exemple il s'agit d'Antinoé et Oasis.
Dans ma planche originale, j'avais placé la ligne au milieu de la pièce, comme montré dans le diagramme ci-dessous. Dans ce cas, la case 2 était le plan neutre qui me permettait de basculer de l'autre côté de la ligne.



Si par contre on place la ligne correctement, la planche ne fonctionne plus car en effet, la case 2 n'est alors plus le plan neutre. Voir diagramme ci-bas.


La solution serait d'inverser les cases 1 et 3 pour respecter la règle. La planche devient alors ceci:
planche corrigée selon la règle des 180°

Et voici le diagramme correspondant, où l'on remarque bien que nous restons alors avec la caméra de manière consistante du même côté. Vous remarquerez aussi que, tout le long de la planche, Oasis est toujours du côté gauche du cadre et Antinoé du côte droit... Consistance, consistance, consistance.









vendredi 3 février 2012

The Line... la règle des 180° - partie 3/3


Voici la troisième et dernière partie extraite de «Framed Ink, Drawing and composition for Visual Storytelling».
Ce qui va suivre est une traduction faite par moi-même du chapitre «The Line» du dit livre. Un grand merci à Marcos Mateu-Mestre, l'auteur, et à Design Studio Press pour leur aimable accord.

La règle: Rester «du même côté de la ligne» qui rejoint et traverse les deux éléments principaux de la scène tandis que l’action se déroule. En faisant cela, nous aurons un très important point de référence; le décor derrière les personnages sera toujours le même, et toutes les actions seront ancrées à cette référence.


Voyons à présent la même règle appliquée à la séquence «The Bikers». Dans cet exemple nous avons un élément additionnel; la transition d’une action à une autre (extérieur vers intérieur) dans la même séquence, de telle sorte que nous jouons avec deux différentes «lignes» de caméra qui sont, nous le verrons, connectées/reliées quand même.
Cliquez sur les images pour les voir en grand.



Partie 1 (Plans 1 à 4) L’axe va ici entre les deux motards et la maison. La camera est du côté droit du point de vue des personnages, ainsi le mur à leur gauche offre un décor consistant pour la séquence. Dans les plans 2 et 4 nous sommes pile SUR la ligne, une position neutre qui offre toujours suffisamment de compréhension des éléments géographiques du décor, et NE TRAVERSE PAS la ligne. (Note: si nous devions traverser, c’est possible avec un seul mouvement de caméra, qui pourrait commencer et se terminer en chacun des côté de la ligne avec un seul mouvement de caméra continu, de telle sorte qu’on peux garder à l’esprit la situation générale). N.d.T. En BD cette technique consisterait à une transition en trois cases (A-B-C). A étant le plan d’un côté de la ligne, B étant le plan neutre (sur la ligne) et C étant le plan de l’autre côté de la ligne.



Partie 2 Nous sommes dans le grenier à présent (pl 5 à 7). Pour le premier plan dans ce nouveau décor, plan 5, la caméra est évidemment toujours du même côté que les plans 1 à 4, dans une zone qui sera notre «zone de transition» juste entre la ligne de notre partie 1 de la séquence et la nouvelle ligne que nous aurons comme résultat de la connéction des deux nouveaux élément d’importance de cette deuxième partie de la scène, «l’escroc en costume à carreaux» et les «deux voyous au fond de la pièce».

Extrait de "Framed Ink", © Marcos Mateu-Mestre / Design Studio Press
Traduction: Henri Reculé with permission
Art: © Marcos Mateu-Mestre

Il va sans dire que d'autres points tout aussi intéressants sont développés dans cet excellent livre: «Framed Ink, Drawing and composition for Visual Storytelling».

Marcos Mateu-Mestre travaille chez DreamWorks Animation avec plus de vingt ans d’expérience. A son actif, notamment  «Balto», «Prince d’Egypte», «Megamind» et plus récemment «Le Chat Potté».
Je ne saurais trop vous conseiller de visiter les sites suivants.

jeudi 2 février 2012

The Line... la régle des 180° Partie 2/3


Voici la deuxième partie extraite de «Framed Ink, Drawing and composition for Visual Storytelling».
Ce qui va suivre est une traduction faite par moi-même du chapitre «The Line» du dit livre. Un grand merci à Marcos Mateu-Mestre, l'auteur, et à Design Studio Press pour leur aimable accord.

La règle: Rester «du même côté de la ligne» qui rejoint et traverse les deux éléments principaux de la scène tandis que l’action se déroule. En faisant cela, nous aurons un très important point de référence; le décor derrière les personnages sera toujours le même, et toutes les actions seront ancrées à cette référence.

«Rester du même côté de la ligne» appliqué à la séquence «The cowboys» .
Les cadres 1 à 7 sont représentés et numérotés dans ces diagrammes. En eux nous pouvons voir comment nous établissons «The Line» entre les deux élements dans la scène, qui sont le cowboy au fusil à l’avant-plan et les trois cavaliers au loin.



Une fois que cet élément de base a été défini, nous pouvons clairement voir comment la caméra a été placée en tenant compte du principe «Rester du même côté de la ligne» expliqué dans le précédant post. Observez à présent comment, en définitive, nous pouvons toujours placer le tireur de manière consistante en faveur du côté gauche du cadre tandis que les cavaliers et les montagnes tendent à favoriser (même de peu) le côte droit du cadre.



Extrait de "Framed Ink", © Marcos Mateu-Mestre / Design Studio Press
Traduction: Henri Reculé with permission
Art: © Marcos Mateu-Mestre



Marcos Mateu-Mestre travaille chez DreamWorks Animation avec plus de vingt ans d’expérience. A son actif, notamment  «Balto», «Prince d’Egypte», «Megamind» et plus récemment «Le Chat Potté».
Je ne saurais trop vous conseiller de visiter les sites suivants.

mercredi 1 février 2012

The Line... la règle des 180° - partie 1/3


La règle des 180 degrés... Sous ce nom étrange se cache la règle de narration visuelle la plus importante qu’il faut respecter pour ne pas perdre son lecteur (ou spectateur) en cours de route. C’est applicable à la BD mais aussi au cinéma. Si vous prenez un cercle et le coupez par le milieu en parallèle à l'horizon, vous avez deux parties égales de 180°. Une des parties est alors votre scène pour "filmer" l'action.
Pour des raisons évidentes de mouvement et de dynamique de plans, cette règle passe souvent inaperçue à celui qui fait de la BD en s’inspirant du cinéma. Ça donne alors, de mon point de vue, des albums avec des riches cadrages soi-disants dynamiques mais avec une narration chaotique.
A ma connaissance, cette règle n’est pas enseignée dans les écoles de dessin par chez nous. Je n’en ai entendu parler que dans mes lectures de livres en anglais traitant sur la narration cinéma ou BD.
Notamment expliquée par Klaus Janson dans son excellent livre «The DC comics guide to Pencilling Comics»; chapitre 12: Movement.
 Et vous verrez, cette règle qui pourrait vous sembler figée n'empêche en rien d'avoir des résultats très dynamiques.
C’est dans «Framed Ink, Drawing and composition for Visual Storytelling», livre plus récent et tout aussi indispensable, que j’ai trouvé la manière idéale de vous l’expliquer.
Ce qui va suivre est une traduction faite par moi-même du chapitre «The Line» du dit livre. Un grand merci à Marcos Mateu-Mestre, l'auteur, et à Design Studio Press pour leur aimable accord.


Rester du même coté de la ligne.
L’idée ici est de garder les choses claires d’un point de vue géographique. Le lecteur est là pour suivre l’histoire et la dramatique émotionnelle qu’on lui propose par la narration.
Le lecteur ne doit en aucune manière se prendre les pieds dans cette narration, genre : où est ceci ou cela dans le plan.
Prenons un exemple: Imaginez que vous regardez un match de foot à la télé. Vous connaissez bien les deux équipes, leurs maillots, le côté qu’ils défendent et celui où ils doivent marquer. Toutes ces informations de base seraient ruinées si le réalisateur décidait de filmer le match d’un côté et de l’autre du terrain de manière simultanée. Nous ne serions alors plus capable de savoir qui est qui, et qui va où, et qui fait quoi. Si nous devions faire preuve d’autant d’attention pour suivre le match... ce serait alors le mal de tête garanti à la mi-temps.
Sauf si pour des raisons narratives nous voulons égarer le lecteur (par exemple, dans cas où nous voulons de manière subjective nous placer dans la peau d’un personnage qui aurait été enlevé et amené dans un lieu inconnu de lui), nous devons absolument être sûrs que la géographie du lieu où nous sommes et le placement des personnages sont suffisamment clairs de tel sorte que toute action entreprise par les personnage dans ce lieu ou à partir de ce lieu est facilement compréhensible par le lecteur.
Pour cette raison, nous allons suivre une très simple règle: Rester «du même côté de la ligne» qui rejoint et traverse les deux éléments principaux de la scène tandis que l’action se déroule. En faisant cela, nous aurons un très important point de référence; le décor derrière les personnages sera toujours le même, et toutes les actions seront ancrées à cette référence.

Extrait de "Framed Ink", © Marcos Mateu-Mestre / Design Studio Press
Traduction: Henri Reculé with permission
Art: © Marcos Mateu-Mestre

A bientôt pour voir cette règle mise en pratique dans deux exemples, "The Cowboys" et "The Bikers".

Marcos Mateu-Mestre travaille chez DreamWorks Animation avec plus de vingt ans d’expérience. A son actif, notamment  «Balto», «Prince d’Egypte», «Megamind» et plus récemment «Le Chat Potté».

Je ne saurais trop vous conseiller de visiter les sites suivants..