Après moult atermoiements et autres hésitations, j'ai finalement pris la décision de faire un nombre limité de planches en "vrai" par album. Pas plus de cinq, je pense.
Je ne remets pas en question mon travail qui me donne d'excellents résultats. Mais... il m'arrive de me dire "mince, cette planche aurait été belle en vrai"...
J'ai donc ressorti ma planche à dessin, installé mes plumes, pinceaux, Rotring et autres flexicurves et au boulot!
Le but de l'opération étant que la planche en question soit aussi bien que celles réalisées à l'ordinateur. Je n'étais pas totalement sûr que ce serait le cas. Je dois avouer que j'en suis assez content.
Autant avant je me faisais un devoir d'avoir des noirs bien profonds, autant maintenant, après des années de planches numériques, je trouve très agréable de voir des noirs un peu délavés, plus spontanés...
La série "Les Mille et Autres Nuits" comportera donc une unique planche originale.
Le dernier album de la série Cassio devrait comporter, quant à lui, 4 ou 5 planches originales.Mise à jour:
Dans Manga Studio, la planche importée donne ça:
Et voilà avec les gris/ombres.
18 commentaires:
L'informatique n'est qu'un outil, pratique, plus facile et pardonnant plus, cela dit le papier crayon encre permet de laisser une trace, sans doute plus appréciée par les amateurs, car "plus authentique", même si ce n'est pas ce que je pense tout à fait D'un autre côté, tu pains sur toile et la trace est là.
Bonjour,
Associer le travail informatique et papier est certainement un bon moyen pour éviter de ronronner.
Souvent avec l'ordinateur on se dit que l'on peut refaire à l'infini des détails... Et finalement on arrive peut être à un trait sympa mais avec pas mal de temps passé pour y parvenir ...
J'avoue que c'est le cas pour moi...
Il est vrai aussi que les collectionneurs sont de plus en plus intéressés par les planches...
Lors d'expo d'originaux ou lorsque l'on peut feuilleter des ouvrages avec des scanns de qualités il est passionnant et instructif de voir les repentir, les cases qui semblent avoir donné du fil à retordre au dessinateur.C'est passionnant.
Sans vouloir entamer de débat philosophique il est toujours étonnant d'entendre des gens qui ne pratiquent pas le dessin penser et dire que l'informatique peut permettre à n'importe qui de dessiner. Ces mêmes personnes semblent prétendre qu'une œuvre sur informatique à moins de valeur qu'un travail sur papier. Pourtant la qualité et le talent ne se mesurent pas au montant d'une tablette graphique ou à une planche sur papier aquarelle très rare avec couleurs directes .
L'informatique permet de gagner beaucoup de temps sur certaines étapes,
d'aller plus loin , essayer des tonnes de possibilités.
Et puis pour les effets qui font naturels, les logiciels permettent de plus en plus de donner un aspect authentique, style coups de pinceaux, grain du papier...
Pour en revenir à votre planche, est ce que les gris ombres resteront sur la planche définitive ?
Dans mon cas, le passage à Manga Studio s'est fait plus pour des raisons de "manque de finition"... Je trouve que je vais plus au bout des choses sur ordi... peut-être grâce à la liberté de refaire jusqu'à ce que ce soit bon.
Rétrospectivement, le manque de planches originales sur bientôt 6 Cassio se fait sentir, et pas seulement auprès des collectionneurs/amateurs d'originaux mais aussi lors d'expos.
On verra si ça tient la route.
Concernant les gris, ils sont faits sur Manga Studio et sont ensuite intégrés dans la mise en couleur dans Photoshop par ma coloriste. La planche originale serait plus "intéressante" avec ces tons gris mais j'hésite à faire cela car, pour des raisons techniques, je ne peux pas les intégrer dans l'album. Et si on ne peut pas l'intégrer dans l'album, cela revient à altérer l'original.
Je trouve que l'évolution de
votre travail dans les Cassio est
passionnant à
observer sur différents plans , composition des images ,des pages, et surtout des décors que je trouve superbes et très immersifs.
Et pourquoi pas sortir des épreuves grand format de vos planches informatisées pour les expos?
De l'encrage à la couleur?
Personnellement, j'ai toujours défendu le fait que je ne me considère pas comme dessinateur de planches à exposer et que pour moi le plus important est le résultat final publié. Et je maintiens. Il n'empêche qu'avec le temps, le manque d'originaux se fait aussi sentir lors d'expos. Et dans ces cas-là, des reproductions sur papier sont moins bien accueillies.
Outre les toiles, mais j'en fais peu, je fais aussi des illustrations, etc. Ce n'est donc pas le manque d'œuvres originales qui pose problème mais bien le manque de "matériel original publié".
La démarche ici, mais je ne suis pas encore sûr de pouvoir l'appliquer à long terme, est de faire des planches "en vrai" qui sont intégrées dans les albums. Il ne s"agit pas de faire des copies de planche faites sur Manga Studio.
Après, si je vends le peux d'originaux que je ferais... je n'aurais toujours pas d'originaux pour d'éventuelles expos ;-)
C'est une expérience à faire en tout cas.
Il est intéressant de voir combien les gris dans cette planche sont un élément essentiel à l'ambiance générale de la page, la composition et permettent au lecteur de bien diriger son regard dans la planche, passer aisément d'une case à l'autre, se concentrer sur le jeu des acteurs et les dialogues.
On a voulu faire ça (épreuves) lors d'une expo dans un musée mais le fait que ce ne soit pas des originaux leur posait un problème d'éthique. Qu'on peut comprendre.
Il serait bon que cette éthique évolue avec le temps...
Je ne suis pas sûr. Il m'est arrivé d'aller voir une expo de Loisel à Paris il y a de ça quelques années... et quand j'ai compris que ce n'était que des copies, ça m'a un poil énervé ;-)
Plus que tout autre lieu, un musée se DOIT de montrer des originaux...
Oui mais si les épreuves scannées sont très bonne qualité?
Combien de temps avez vous mis pour réaliser cette planche ,croquis, encrage , s'il vous plait?
Difficile à dire. Elle existait déjà en version numérique.
L'idée n'est pas de faire comme ça à l'avenir.
Dans ce cas précis, crayonnés et encrages en deux jours.
Quand vous travaillez pour votre nouvelle future série avec Stephan Desberg , discutez vous ensemble du scénario avant pendant et après?
Il me semble qu'on a moins discuté pour cette série-ci. Mais on toujours des longues discussions concernant les personnages, l'histoire, etc... Ça fait partie de l'intérêt de faire ces albums à deux.
Quand vous travaillez avec Stephan Desberg, vous avez l'ensemble du scénario dès le début ou recevez vous des ensembles de pages au fur et à mesure de l'avancement ? Rien est figé ou au contraire le récit peut évoluer en fonction de votre travail ? Vous arrive t'il de recommencer des ensembles de pages, d'en éliminer ou d'en rajouter?
Dans son cas, je reçois le scénario complet. Ce n'est pas le cas pour tous les scénaristes. Certains préfèrent travailler au fur et à mesure. Après des planches ou certaines peuvent évoluer pendant la réalisation... mais ça reste rare. Parfois certaines choses qui semblaient claires dans le scénario le sont moins avec le dessin... alors on adapte, soit les textes, soit les dessins... c'est très variable.
De mon côté j'essaye d'être toujours dynamique dans mes découpages et de ne pas faire de case inutile.
Enfin, je dirais que les scènes de combat sont celles qui différent le plus entre la version écrite et celle dessinée car il doit y avoir une certaine cohérence entre chaque case qu'il est parfois difficile à décrire dans le scénario...
Je suppose donc qu' il a un échange "ping pong" entre vous et Stephan Desberg même quand la planche est dessinée ?
Avez vous une demande de l'éditeur de suivre les planches au fur et à mesure et de donner son avis systématiquement ? Ou du fait de votre passif et le nombre d'albums réalisés avez vous carte blanche jusqu'à la fin?
Seriez vous capable de dessiner une série sur une période et avec un scénario de quelqu'un qui ne vous inspire pas?
Auriez vous l'envie de réaliser un projet seul?
Le ping pong, oui, c'est un peu ça. Mais c'est constructif évidemment. L'Editeur intervient quand c'est nécessaire. Il n'y a pas de carte blanche mais avec le temps ils ont confiance dans ce qu'on fait.
Pour travailler avec un scénariste il faut surtout avoir envie de raconter le même genre d'histoires, ou être inspiré par un univers ou par une manière de conter les histoires...
Faire un projet seul, l'idée est là depuis longtemps puisque de toutes façons mes premiers albums étaient scénarisés par moi-même... C'est plus le temps qui me manque... Après il faut que l'Editeur ait envie. Avec tout ce qui sort, ce n'est pas évident.
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