La règle des 180 degrés... Sous ce nom étrange se cache la règle de narration visuelle la plus importante qu’il faut respecter pour ne pas perdre son lecteur (ou spectateur) en cours de route. C’est applicable à la BD mais aussi au cinéma. Si vous prenez un cercle et le coupez par le milieu en parallèle à l'horizon, vous avez deux parties égales de 180°. Une des parties est alors votre scène pour "filmer" l'action.
Pour des raisons évidentes de mouvement et de dynamique de plans, cette règle passe souvent inaperçue à celui qui fait de la BD en s’inspirant du cinéma. Ça donne alors, de mon point de vue, des albums avec des riches cadrages soi-disants dynamiques mais avec une narration chaotique.
A ma connaissance, cette règle n’est pas enseignée dans les écoles de dessin par chez nous. Je n’en ai entendu parler que dans mes lectures de livres en anglais traitant sur la narration cinéma ou BD.
Notamment expliquée par Klaus Janson dans son excellent livre «The DC comics guide to Pencilling Comics»; chapitre 12: Movement.
Et vous verrez, cette règle qui pourrait vous sembler figée n'empêche en rien d'avoir des résultats très dynamiques.
C’est dans «Framed Ink, Drawing and composition for Visual Storytelling», livre plus récent et tout aussi indispensable, que j’ai trouvé la manière idéale de vous l’expliquer.
Ce qui va suivre est une traduction faite par moi-même du chapitre «The Line» du dit livre. Un grand merci à Marcos Mateu-Mestre, l'auteur, et à Design Studio Press pour leur aimable accord.
Rester du même coté de la ligne.
L’idée ici est de garder les choses claires d’un point de vue géographique. Le lecteur est là pour suivre l’histoire et la dramatique émotionnelle qu’on lui propose par la narration.
Le lecteur ne doit en aucune manière se prendre les pieds dans cette narration, genre : où est ceci ou cela dans le plan.
Prenons un exemple: Imaginez que vous regardez un match de foot à la télé. Vous connaissez bien les deux équipes, leurs maillots, le côté qu’ils défendent et celui où ils doivent marquer. Toutes ces informations de base seraient ruinées si le réalisateur décidait de filmer le match d’un côté et de l’autre du terrain de manière simultanée. Nous ne serions alors plus capable de savoir qui est qui, et qui va où, et qui fait quoi. Si nous devions faire preuve d’autant d’attention pour suivre le match... ce serait alors le mal de tête garanti à la mi-temps.
Sauf si pour des raisons narratives nous voulons égarer le lecteur (par exemple, dans cas où nous voulons de manière subjective nous placer dans la peau d’un personnage qui aurait été enlevé et amené dans un lieu inconnu de lui), nous devons absolument être sûrs que la géographie du lieu où nous sommes et le placement des personnages sont suffisamment clairs de tel sorte que toute action entreprise par les personnage dans ce lieu ou à partir de ce lieu est facilement compréhensible par le lecteur.
Pour cette raison, nous allons suivre une très simple règle: Rester «du même côté de la ligne» qui rejoint et traverse les deux éléments principaux de la scène tandis que l’action se déroule. En faisant cela, nous aurons un très important point de référence; le décor derrière les personnages sera toujours le même, et toutes les actions seront ancrées à cette référence.
Extrait de "Framed Ink", © Marcos Mateu-Mestre / Design Studio Press
Traduction: Henri Reculé with permission
Art: © Marcos Mateu-Mestre
A bientôt pour voir cette règle mise en pratique dans deux exemples, "The Cowboys" et "The Bikers".
Marcos Mateu-Mestre travaille chez DreamWorks Animation avec plus de vingt ans d’expérience. A son actif, notamment «Balto», «Prince d’Egypte», «Megamind» et plus récemment «Le Chat Potté».
Marcos Mateu-Mestre travaille chez DreamWorks Animation avec plus de vingt ans d’expérience. A son actif, notamment «Balto», «Prince d’Egypte», «Megamind» et plus récemment «Le Chat Potté».
Je ne saurais trop vous conseiller de visiter les sites suivants..
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